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Ex Libris Meis

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Derniers commentaires
1 décembre 2011

Réminiscences / Fin de l'histoire


... Et ses mots élancent mes tempes comme une migraine.
Tap-Tap - Elle
Tap-Tap - Sans toi
Tap-Tap - AIDE-MOI
T'aider, mon doux amour, mais oui.
Tap-Tap - Vite un cachet


 


... Et ses mots me vrillent comme une rage de dents.

Tap-Tap - Tu étais comme absente
Tap-Tap - N'ai pas voulu te dire
Tap-Tap - AIDE-MOI
T'aider, mon tendre amour, mais oui.
Tap-Tap - Tap-Tap -Vite un cachet.

... Et ses mots me brûlent... comme une crampe.
Tap-Tap - Et puis son corps...
Tap-Tap - Et puis ton corps...
Tap-Tap - AIDE-MOI
T'aider, mon amour, mais oui.
Tap-Tap - Vite un cachet.

... Et ses mots... me fouettent... comme...
Tap-Tap - ... Résister...
Tap-Tap - ... Choisir...
Tap-Tap - AIDE-MOI
T'aider, amour, je ne peux plus.

Tap-Tap - Dans la boîte
Tap-Tap - Plus de cachets.

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30 novembre 2011

Réminiscences / Mes nourritures terrestres

C'est le désir qui nous pousse, toujours. Qui nous pousse à vivre.
Le désir de boire, de manger, de séduire.
C'est le désir qui fait la vie, c'est lui qui fait vivre, qui 
te fait vivre.
Chaque seconde passée, tu l'emploies pour ça,  pour assouvir ça, ta faim, ta soif, ta vie n'est qu'un moyen. Un putain de moyen.

Et le désir de moi, est-ce qu'il te fait vivre? Est-ce qu'il te fait avancer?

trait gris

J'ai besoin de te sentir affamé de moi. J'ai besoin de te sentir fièvreux, violent.
Parfois je ne veux plus sentir en toi l'amour, la tendresse, le respect. Parfois je veux juste te sentir toi, dans ton immédiateté, dans ta force, ta virilité.
Je veux prendre en plein visage ton animalité, je veux tes morsures, tes griffures et me sentir fragile, me sentir tellement à toi.

J'ai besoin de ton instinct, de t'éprouver tout entier tendu vers la jouissance. De te voir me découvrir comme si tu ne m'avais jamais vu, de sentir monter en toi l'envie de m'avoir à toi, de me posséder toute entière, rien qu'à toi.

Besoin de ta puissance et de ta densité, de l'expression de ta présence, de tes mots, des mots crus qu'on ne dit que quand on a perdu les sens. Te voir juste perdre le contrôle, briser cette putain de carapace, enfin.

Je veux me voir briller dans tes yeux comme un joyau, me sentir précieuse, me sentir belle. Juste me sentir belle. Enfin.

Savoir que j'importe à tes yeux et que mes yeux, mon regard, t'importent eux aussi. Une réciproque. Un peu. Parfois.

Je voudrais qu'on se réveille, je veux du bruit, de la fureur, des larmes s'il le faut. Je veux de l'intensité, je veux qu'on se brûle à se toucher trop, de trop près, trop souvent. J'ai besoin de voir ces putains de verrous sauter, une bonne fois, pour toutes. Je veux que tu t'abandonnes, enfin.

23 novembre 2011

Santo Sospir

manray





Parfois, le corps entier. Un frissonnement, adouci, dilué par le voyage labyrinthique d'un bout à l'autre du corps. Comme un frôlement intérieur.
Un doux fourmillement, une frilosité, à peine. Un échauffement.

Puis, souvent: une morsure, brutale. Intense comme une décharge. Précise comme une piqure et la réponse, immédiate: Un corps au garde à vous, tendu comme la corde d'un arc.

Ensuite. A l'effleurement : un embrasement, absolu. La perte du sens, la désorientation, la Fièvre.

La voracité, la hargne ou la brutalité, presque. Le verrou des tabous qui saute : L'Être, à nu.

11 novembre 2011

L'Empathie

L'humain m'apparaît parfois d'une profondeur et d'une densité effrayantes, insondables.

Lorsque l'on s'extrait de soi, et que l'on plonge . Un choc parfois; une vie entière de souvenirs / de sensations / d'émotions / de pensées / de réflexions / d'apprentissage / de mouvements/  de paroles, qui se condensent, là, face à vous, en un Autre mouvant.

Ligne grise

Le premier masque du sourire forcé, la fausse assurance, l'hésitation ou
L'enthousiasme, la cordialité, l'envie ou
(juste) l'intérêt, la curiosité, l'interrogation.

Découlent d'une infinité de causes et d'effets factuels, concrets; Mais de combien de perceptions subjectives et d'interprétations encore?

Cette épaisseur, tissée du vécu du corps et de la psyché, je pourrais presque la toucher.
Si elle n'était pas contenue en un seul instant impalpable.

           Focus: Un ralenti presque immobile; deux personnes prennent place autour d'une table en verre, nue.

 Une toute petite heure pour saisir la "substantifique moelle" de l'individu; ses expériences structurantes, ses schémas de pensée.

Une toute petite heure pour comprendre qui est en face de moi, ce qui l'a fait, ce qu'il a fait et fera - et pourquoi.

Une femme qui a dû être jolie, très jolie, avant. Mais terne, fatiguée, éteinte aujourd'hui. Je lui donne 45, 50 ans. Rapide calcul à partir de la date de naissance: elle n'a pas encore 38 ans.

Alors avant quoi? Sur son CV, une succession d'expériences a priori relativement cohérente, un pavé "loisirs" reservé au sport; mention de compétition. Presque plus abondant que le reste. La femme que je vois est pourtant lasse, vaincue d'avance - tout sauf conquérante.

Je parcours à nouveau le CV: jusqu'en 2002, toutes les expériences sont datées très précisément.
De 2003 à 2007, l'année d'entrée est indiquée.
A partir de 2007, flou artistique: A y regarder de plus près, certaines missions semblent même se juxtaposer; on parle de postes "en indépendant"; les intitulés sont vagues.

Première question, en douceur: "Où en êtes-vous aujourd'hui en termes de carrière? Quelles sont vos aspirations?"
"On ne parle pas de ce que j'ai déjà fait?"
Sourire: "On va y venir. Mais là aujourd'hui, de quoi vous avez envie?"
"De travailler".

Cette réponse porte en elle un malaise, celui de la soumission. Peu importe quoi, mais faire.

"Je peux me contenter de peu".

Je sais qu'elle parle du smic, qu'elle parle des patrons injustes et tyranniques qui ne paient pas les heures supplémentaires, qu'elle parle d'un poste -pardon- de merde, où elle n'aura aucune perspective d'évolution.

J'essaie d'adoucir ma voix, au maximum, pour faire passer la cruelle franchise de ma réponse.

"Je ne fais pas de traite d'esclaves".

Stupeur.

Je range ostensiblement mon stylo, mes notes. On est "en off".

"Parlez-moi du sport. Quelle discipline?"

"Le saut d'obstacle." Une étincelle dans le regard, mais un visage qui se voudrait impassible.

"Le CSO? Me suis arrêtée au Galop 2, moi... J'en ai pas fait souvent mais j'ai adoré ça.
Vous en avez fait en compétition, vous, je suppose?"

Elle se met à parler, s'anime. On reste, d'abord, dans la passion. Oui, la compétition (Elle était fan de sport, d'ailleurs, en général: Vélo, ski... Elle a même tenté le saut à l'élastique, le parachute). Niveau national, on l'a même selectionnée en équipe de France. Mais.

Mais avant sa première compétition tricolore quelques semaines - à peine- une chute en VTT, un week-end. Violente. Suffisamment pour lui déchirer les ligaments des deux genoux, lui déboîter une épaule... et lui imposer de longs mois de rééducation.

"Quelle année?"

"2003".

J'ai ma première réponse.

"ça vous était venu comment, le cheval?"

Sa maman, passionnée d'animaux, avait à tout prix voulu lui faire partager son goût de l'équitation.

 

Une maman qui l'a élevée seule - seule, vraiment, sans autre famille, sans autres amis - qui s'est saignée pour lui donner une éducation... et lui transmettre l'amour des chevaux.

"Toute petite, bébé, presque, elle m'emmenait faire du poney, pour me familiariser avec le milieu". Un silence.

"Elle est morte en 2007".

 

10 novembre 2011

Celle qui écrit est un secret

 

dame au chapeau gris

 

 

 

 

 

 

Comme un murmure, comme un secret glissé à l’ombre d’un arbre nu.

Le secret est tombé – à mon oreille et à mes lèvres :
 
Le secret est un jeu, et se déguise – prend chaque jour l’apparence d'un autre.

Le secret est une ombre – qui voile parfois le temps.
Le secret est un refrain – qui se fredonne en frissonnant.
 
Le secret est un cri, mais s’étrangle toujours. 

 

 

 

 

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1 novembre 2011

Eloge du Lecteur

 
Où et qui êtes-vous?
-Dès aujourd'hui, tout de suite, il y a urgence à savoir. Pour vous parler, vous écrire, vous toucher, en plein coeur.


Ligne grise

 Vous qui apportez au texte un supplément de corps, vous qui créez, autant que l'auteur, en pensées, en image, en ressenti. Car c'est bel et bien le lecteur qui met au livre le point final; un livre, fermé, est un livre mort. Recréateur, donc, et partenaire, aussi;

- Regards croisés dans les eaux troubles d'un échange muet, et sans retour.
Qui deshabillent lentement une pensée, page après page -de la sensualité de la Littérature.


Lecteur qui donne une inflexion au texte, pas toujours celle que l'auteur aurait voulu, aurait aimé, mais ce droit, ce devoir, même, vous appartient; lecteur qui arrive à voir, jamais le tout, évidemment, mais tellemnt plus encore: parfois, même ce qu'il n'y avait pas avant lui.

De la nécessaire subjectivité.


« Les grandes oeuvres sont celles qui n'ont jamais fini de dire ce qu'elles ont à dire », ou quelque chose d'approchant, disait Calvino. Mais c'est celui qui lit qui découvre, il n'y a que celui qui lit, qui découvre, toujours.

De l'indispensable sensibilité.

Ce qui n'est pas lu est muet – et à quoi sert d'écrire si ce n'est pour être découvert, déchiffré, décrypté? Curieux exhibitionnisme d'ailleurs, que celui de l'intérieur de soi -de l'intérieur du Soi. Ou de son écriture. Mais c'est tout comme. Voyeurisme ô combien actif du lecteur. Qui cherche toujours plus à voir plus loin, plus en-dessous, à comprendre. Erotisme flagrant d'une communion sacrée.


Alors, pour une Littérature participative, vivante et frémissante
« Avoir voix au chapitre »
au sens premier des termes.


Jouez maintenant. Et faire palpiter l'écrit.


Car c'est pour vous. Par vous. Que le livre, enfin, existe.

 


29 octobre 2011

La Vie Fougueuse #1

Ligne grise

Un endroit bruissant de vies, de voix. N’importe lequel, même s’il n’existe pas, mais une grande ville, une métropole, voire.
Une place, oui, j’imagine bien une place pavée, avec ses cafés aux terrasses bondées, sa fontaine, et puis un fleuve qui passe en contrebas.
C’est bien, cette idée d’ajouter un fleuve : on pourra toujours s’en servir au fil du livre et de l’histoire, c’est un réservoir de métaphores, un fleuve.
Et puis des bâtiments de pierre, simples – gris, beiges, ocres pourquoi pas – mais élégants, massifs, imposants. Qui parlent d’histoire comme des livres à ciel ouvert.

   (Parenthèse :

Vous avez déjà réfléchi, face à un vieil immeuble, à toutes les vies qui s’y sont déroulées? Des gens comme vous, comme moi, comme notre futur personnage, qui ont aimé, pleuré, ri, et sont oubliés aujourd’hui ? On néglige toujours de leur donner un corps, des sensations à ces  prédecesseurs inconnus. Pourtant, comme vous, comme moi, comme notre futur personnage, ils ont ressenti, réagi, éprouvé.
C’est peut-être ça, la définition d’un fantôme : un être que les vivants désincarnent.

   Fin de la parenthèse).

Le  lieu serait susceptible de ressembler à la place St Michel, à Paris.
Mais cela pourrait aussi bien être ailleurs : Le lieu importe peu.

Il fait beau, les gens flânent : notre vivier de personnages potentiels est plus riche. Et pour le plaisir de la projection : Paris au printemps – nimbé de lumière azurée, verdi de ses parcs, éclatant de soleil - est plein de joie de vivre.

Quoique.

Je décide que ciel se couvre, de gros nuages – lourds, gris, épais et collants comme un brouillard d’hiver – envahissent les toits.
La température chute.
Le vent se lève.
Branle-bas de combat sur la place, premières gouttes. Les touristes fuient les terrasses, se réfugient sous les stores ; les cafetiers rentrent en urgence chaises, tables, menus, des verres chutent sous les bourrasques ; les flâneurs se bousculent, courent vers les bouches de métro les plus proches.


Alors, de cette fourmilière, qui va être notre témoin, notre acteur, notre personnage ?


Une jeune femme, seule, assise –en équilibre précaire, ses pieds ne touchent pas le sol, elle pourrait basculer à tout moment- au bord de l’imposante fontaine qui fait trois, quatre fois sa taille, tend son visage aux gouttes qui tombent, drues. Silencieuse et immobile au milieu de la place, au milieu du vacarme et de l’agitation.
Le courte robe pâle, une robe de jour d’été naissant, plaquée au corps mince, imbibée, transparente, presque inexistante.
Yeux fermés, l’eau ruisselle sur les tempes, roule sur le nez, perle aux cils, infiltre un décolleté offert qui aurait du être timide.
Elle écarte les lèvres – colorées d’un rouge carmin, mat et profond - en un sourire gourmand pour se désaltérer de ces larmes de ciel.
Les cheveux, épais, enroulés en un chignon tressé de danseuse – strict, presque sévère, qui fait écho aux ballerines qui lui lacent les jambes jusqu’au genou - paraissent  noirs d’être trempés.

L’image est sensuelle, saisissante.

Elle est venue ici faire le tour des bouquinistes.
Elle aime les livres, elle aime la vie, alors elle aime encore plus vivre sa vie comme un roman.
Exubérante – exaspérante, souvent, diraient les mauvaises langues.

Parfois exaltée, parfois désespérée, elle ignore l’équilibre, elle abhore la stabilité. Elle n’est que ressenti, réaction, émotions. Instinct.

Quel âge a-t-elle ? 25 ans peut-être, un peu plus ou un peu moins. Elle est jolie, elles est vivante, elle est vibrante.

Trop pour nous d’ailleurs. Elle ne ferait pas un personnage central adéquat à  l’expérience en germe dans cette histoire. Son intensité est trop évidente, son interiorité trop à nu : Comment (pourquoi ?) découvrir ce qui est déjà sous nos yeux ?

29 octobre 2011

La vie fougueuse

On sait que le vide n’est pas vide, le vide est un bouillonnement incessant de création, de destruction, en tout point et en chaque instant.

Ici, tout est question de perception.

Ce qui paraît morne, terne, fade peut se révèler d’une violence, d’une intensité insensée.
D’une fougue absurde.

Emma B. l’a manqué ce train-là.  La passion, l’irraisonné, étaient en elle, déjà.  L’exaltation, c’est d’habiter ses tripes.

Le reste n'est que Littérature.


26 octobre 2011

Le roi se meurt, Eugène Ionesco

L'auteur en préambule:

Après une enfance passée à Paris, Eugène Ionesco rejoint son père à Bucarest lors du divorce de ses parents. Dès 1930, il entame une longue collaboration avec la revue de critique littéraire Zodiac. En 1938, il fuit la Roumanie devant la montée du fascisme, contre lequel il se battra toute sa vie. A Lyon, il fréquente l'avant-garde intellectuelle et artistique auprès de laquelle il développe son esprit libre et son don pour la provocation. Sa première pièce 'La cantatrice chauve', rendue publique en 1950, ne reçoit qu'un accueil froid mais marque la naissance d'un nouveau théâtre. Dès 1952, il publie chaque année de nouvelles pièces et acquiert finalement une renommée internationale et officielle. Il entre en effet à l'Académie française en 1970 puis est nommé Officier de la Légion d'Honneur en 1984. Avec Samuel Beckett, il a écrit les plus grandes pièces du théâtre absurde, mêlant comique et désespoir. Car si ses pièces font rire, c'est pour libérer l'homme de sa solitude indépassable et du ridicule de sa condition d'humain.

Source: Evene.fr

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Eugène Ionesco - Le roi se meurt, coll. Nouveaux classiques, éd. Larousse, Paris 1968.

Le roi Beranger Ier va mourir. Pas dans dix ans, pas dan un siècle comme il l'éspère, mais à la fin de la pièce. C'est à son agonie que l'on assistera, comme la reine Marguerite, sa première épouse, la reine Marie, sa seconde femme « mais première dans son coeur », Juliette, femme de ménage et infirmière, un médecin astrologue et un garde.

Une pièce à la fois huis clos et compte à rebours.

Une pièce à la fois effrayante -Beranger peut bien être chacun de nous- par le face à face qu'elle induit avec la mort, et d'une poésie extrème. Ionesco fait montre ici d'une vraie sensibilité: le déroulement inexorable des évènements s'y pare d'une beauté tragique.

Une lecture magnifique.

« LE ROI

Le peuple est-il au courant? L'avez-vous averti? Je veux que tout le monde sache que le Roi va mourir. (Il se précipite vers la fenêtre, l'ouvre dans un grand effort car il boite un peu plus) Braves gens, je vais mourir. Ecoutez-moi, votre Roi va mourir.

MARGUERITE, au Médecin.

Il ne faut pas qu'on l'entende. Empêchez-le de crier.

LE ROI

Ne touchez pas au Roi. Je veux que tout le monde sache que je vais mourir.

Il crie.

LE MÉDECIN

C'est un scandale.

LE ROI

Peuple, je dois mourir.

MARGUERITE

Ce n'est plus un roi, c'est un porc qu'on égorge.

MARIE

Ce n'est qu'un roi, ce n'est qu'un homme.

[...]

LE ROI, quittant la fenêtre.

Ce n'est pas possible. (Revenant à la fenêtre.) J'ai peur. Ce n'est pas possible.

MARGUERITE

Il s'imagine qu'il est le premier à mourir.

MARIE

Tout le monde est le premier à mourir. »

26 octobre 2011

Les enfants terribles, Jean Cocteau

L'auteur en préambule:

Jean Cocteau passe une enfance rythmée par les réceptions données par son grand-père qui, soucieux de l'avenir de son petit-fils, l'initie à l'art. Agé de 19 ans, il fait la connaissance de Raymond Dargelos, un camarade de lycée, qui le bouleverse par sa beauté. Il en fera le héros des 'Enfants terribles'. Arpentant les rues de Paris, Jean Cocteau, véritable dandy, devient une des figures à la mode du Tout-Paris. Sa rencontre avec Serge de Diaghilev va bouleverser son parcours artistique. Cocteau renie ses oeuvres passées, pourtant tant convoitées, et entame une carrière anticonformiste. Malgré un parfum de scandale, son oeuvre est souvent couronnée de succès. Jean Cocteau s'essaie à la poésie, au théâtre, à la critique mais se fait aussi graphiste et cinéaste avec notamment 'La Belle et la Bête' pour lequel il reçoit le prix Louis Delluc. Ajoutons encore à la palette variée de ses talents ceux de dessinateur et de peintre. Jean Cocteau est élu à l'Académie française le 3 mars 1955.

Source: Evene.fr 

Ligne grise

Jean Cocteau - Les enfants terribles, coll. Le livre de poche, éd. Grasset, Paris 2003

A la sortie de son lycée, Paul est littéralement terrassé par une boule de neige que lui lance son idole, Dargelos. Il ne pourra plus retourner en classe.

C'est sa soeur, Elisabeth, qui prendra soin de lui, leur mère, de toute façon infirme, mourrant dès le début de l'histoire.

Entretenus mais pas éduqués, ils grandiront comme poussent les plantes vivaces -les plantes vénéneuses. Leur chambre deviendra un sanctuaire, un repère au trésor régi par ses propres lois, un territoire ensorceleur, ensorcelé, où ceux qui pénètrent (Gérard, Agathe) ne peuvent que plier sous le joug des deux enfants cruels qui s'adorent et se déchirent.

Un livre fort. Les personnages principaux, à la fois diaboliques et en pleine détresse sont extrèmement attachants. L'oeuvre aurait tout aussi bien pu s'appeller « Les enfants perdus », comme le sont les compagnons de Peter Pan: Refus de cet âge adulte qui fatalement séparera la fratrie, par les enfants eux-mêmes et et ceux qui autour, gravitent comme des papillons près d'une lumière... qui finira par les brûler vifs, en plein vol.

Et pourtant, le lien magique, mystique, qui unit Paul et Elisabeth détournera le cours des choses, sera plus fort que le destin. Les enfants se consumeront eux-mêmes.

Ce livre est une étreinte d'enfant cruel.




« Il est de ces maisons, de ces existences qui stupéfieraient les personnes raisonnables. Elles ne comprendraient pas qu'un désordre qui semble à peine devoir continuer quinze jours puisse tenir plusieurs années. Or ces maisons, ces existences problématiques se maintiennent bel et bien, nombreuses, illégales, contre toute attente. Mais, où la raison n'aurait pas tort, c'est que si la force des choses est une force, elle les précipite vers la chute.

Les êtres singuliers et leurs actes asociaux sont le charme d'un monde pluriel qui les expulse. On s'angoisse de la vitesse acquise par le cyclone où respirent ces âmes tragiques et légères. Cela débute par des enfantillages; on n'y voit d'abord que des jeux.

Trois ans passèrent donc, rue Montmartre, sur un rythme monotone d'une intensité jamais affaiblie. Elisabeth et Paul, faits pour l'enfance, continuaient à vivre comme s'ils eussent occupés deux berceaux jumeaux. Gérard aimait Elisabeth. Elisabeth et Paul s'adoraient et se déchiraient. »



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