Se souvenir de soi

La photographie scelle le souvenir, le fige. Mais une photographie racontée... c'est une histoire qui s'imagine.
Décrivons donc une photographie... qui n'existe pas.
Le cadre est posé, qu'y a-t-il à l'intérieur?

D’abord :
 
Des jambes perdues derrière les bras qui les enserrent.
Les cuisses sont fines, les genoux un peu fort.
La peau, pâle ; presque blafarde.
Les pieds apparaissent à peine : rien que la naissance osseuse d’une cheville.
 
Je ne sais pas à qui appartient cette raideur.
 
 
Ensuite :
 
Un dos caché par de longs cheveux bruns.
Les épaules sont fines,  mais un peu basses.
La peau, pâle ; presque blafarde.
Le bassin se devine à peine : l’épanouissement des hanches commence juste à poindre.
 
Je ne sais plus à qui sont ces reins.
 
 
Enfin :
 
Un visage masqué par des mains croisées.
Les doigts sont fins, bien qu’un peu courts.
La peau, pâle ; presque blafarde.
La bouche se dessine à peine : Rien que le renflement un peu flou d’une lèvre.
 
Je ne sais plus qui je suis.