Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ex Libris Meis
Publicité
Derniers commentaires
22 octobre 2011

Scènes / Quintet

« Scènes » un ensemble de 5 courtes nouvelles, comme autant de tableaux : 1 Extérieur jour, 1 extérieur nuit, un indéfini onirique, 1 intérieur jour, et 1 intérieur nuit. 

Eros et Arthémis
Scène I : Extérieur Jour

Au loin, très loin, des cris d’enfants, à vélo sûrement, des aboiements de chiens heureux, mais surtout les oiseaux, le crissement des herbes jaunies, séchées, les cigales assourdissantes et le Mistral en bourrasques parfois.
Le soleil qui cogne, assomme, lorsqu’il se fraye un chemin  entre les branches.
Ta main dans la mienne au-dessus de ma tête, à même la terre assoiffée. Ta bouche contre la mienne, à même le sol brûlant.

Un murmure au creux de mon oreille « Je t’aime ».

Une réponse sussurée en un souffle entre tes lèvres, nous sommes entourés de nos vêtements épars. Il fait chaud, c’est l’été et je meurs d’avoir plus chaud encore.
Moites de ce mois de juillet, nos caresses se font glissantes, je suis du doigt une larme de sueur, de ton cou à.
Je me désaltère à l’humidité âcre de ton corps, me repaît de ta chair alourdie par cette journée de canicule, te dévore d’être si beau et tellement à moi.
A quelques mètres, au-delà des fourrés, le pas lent de chevaux, les voix des cavaliers qui ne nous savent pas.
Ton doigt sur mes lèvres exige le silence, ton sourire ma complicité, pendant que tu t’efforces de faire de mon obéissance une gageure.
Nous entend-on, mon amour ?
Seulement les craquements indistincts de notre lit inconfortable de branchettes et de fleurs, le bourdonnement de quelques abeilles.

Mes yeus deviennent flous, mes dents impriment leurs marques à mes lèvres, un dernier soubresaut de mon bassin. Tu me suis bientôt, dans l’épilogue de nos amours champêtres.
 

 
Coup de pocker
Scène II : Extérieur Nuit

« Tu bluffes »

Sortis du casino à une heure indûe passablement rincés – ethyliquement comme financièrement parlant. On titube un peu, cherche la voiture aux détours de ruelles sombres. Appuyés contre un palmiers, et le voisinage qui dort, tu m’embrasses, laisses courir tes mains -le long de ma jambe gainée de nylon noir. Qui passent sous ma robe légère.

« Ici… maintenant… comme ça… »

Je ris.

« Tu bluffes »

Tu ris aussi, mais sérieusement, secoue la tête et modille mon oreille, ma lèvre inférieure et mon cou. Pendant que tes mains continuent leur exploration. Remonte très haut, pour t’emparer de ma poitrine, et emportant dans son ascension ma robe qui ne cache plus mon intimité nue. Détour rapide de ton bras droit par mon dos, tu saisis ma nuque et m’embrasse avec force, presque brutalement cette fois.

« Lève les bras"
 
Je m'exécute. Ma robe gît à terre et je me retrouve, rougissante et bafouillante, complètement nue en pleine rue. Complètement nue à l’exception de mes bas noirs.

« Mais »

Pas le temps de protester, ton pantalon est à tes pieds, ma bouche forcée au silence par la tienne. Alors je ne sens plus ni la fraîcheur de cette nuit d’été, ni l’écorce du palmier qui laboure la peau fragile de mon dos, ni même le monde entier qui nous entoure –et qui nous épie peut-être de derrière ses lourds rideaux.
Je sens juste la puissance de tes bras, la force de ton étreinte, et la rumeur de plaisir qui engourdit mes membres, tout en exhaltant mes sens.
Je te sens, toi, tout simplement, et moi, en moi, avec fureur.

Carré d’As, je suis vaincue.



Onirisme... débridé
Scène III : Indéfini Onirique
 
Comme un ballet silencieux, sur une scène de coton. Ivre ? Droguée ? Simplement épuisée, sous tension ?
Percevoir simplement le frôlement de ces mains, le long du dos, épousant l’arrondie de la fesse, cajolantes.
Quelques mordillements, aussi, deci, delà.
Qui ?
Combien ?
Percevoir uniquement des sons étouffés, des rires graves et des murmures suaves.
Se laisser glisser, aller, à encourager d’un sourire intérieur, d’un frémissement invisibles.

Où ?
Quand ?

Percevoir sans façon des ombres grises, inclinées, alongées, en mouvement.?
Happer, sans comprendre, un doigt qui passe à portée de bouche. Ou des lèvres. Ou.?
Percevoir uniquement l’odeur âcre de corps en sueur, et celles, sucrées, de femmes caressées, et
… Percevoir confusément, que demain il faudra s’absoudre de.
 
De quoi ?
 
 
 
Douche écossaise
Scène IV: Intérieur Jour
 
 Tu es derrière une fine, très  fine cloison.  J'entends l'eau couler, et j'imagine: la buée, la chaleur, les gouttes qui giclent et viennent brûler ta peau, le jet qui serpente... sur ton corps. Je t'imagine, toi, nu, qui n'est encore qu'un ami.?
Un ami qui je le devine, laisse la porte qui nous sépare entrouverte.?
Comme un crépitement, l'eau qui éclabousse le sol, comme un frôlement, ma jupe qui glisse le long de mes jambes.?J e ferme les yeux et voit comme si j'y étais: la caresse  de l'eau qui patiemment parcourt tes membres, court le long de ton dos, s'insinue dans chaque faille de ta peau...?Mon pull vole  à travers la pièce.?
Je colle mon oreille au mur: j'entend le chant discontinu du jet d'eau, cassé par le choc de ton corps: il se rapproche, s'éloigne, se rapproche à nouveau de ton torse ou de ton visage. Je pense: ton visage noyé par l'eau  fumante, le mien noyé par ton extase brûlante.?
Je ne suis plus que chair maintenant, et toi qui n'est qu'un ami sera bientôt mon amant. ?Je traverse la chambre et croise un miroir, j'y vois le reflet de ta sensualité contre la mienne, ton sexe lisse et roide sur lequel ma main naviguera, portée par les eaux  troubles, à la fois glacées et ardentes d'une douche partagée.
Je m'en vais pénétrer sur la pointe des pieds dans la moiteur de la pièce où tu te trouves nu.
 
 
 
A la lueur des bougies
Scène V : Intérieur Nuit

Un parfum d'ambre, épaisse, opaque et presque palpable. Qui ne flotte pas, mais alourdit l'air, et retourne les sens à chaque respiration.

***

Des bougies couleur de crépuscule, qui berce la pièce, rendent plus pleines les chairs, et plus profonds les creux. Tamisée, oui, la chambre, encerclée d'une centaines de bougies vacillantes, une atmosphère de l'orangé au rouge sombre.?La centaine de lueurs qui dessinent comme une voie lactée au teint chaud -caramel et pain d'épice.

***

Et des miroirs, qui les réfléchissent encore, les multiplient, les infinit. Quatre hauts et larges miroirs -Nord, Sud, Est, Ouest, leurs visages, leurs profils, leurs croupes. Et quatre petits, les emprisonnent dans une bulle emplie d'eux-mêmes.

***

Chaque geste, chaque regard, est répété mille fois. Un écho muet pour chaque baiser, chaque frémissement, chaque tape et chaque caresse. Un monde complice et avide, un monde voyeur et offert, un monde entier, narcissique... peuplé de leurs désir, plaisir, jouissance.?Regards croisés dans les psychés, -le mien, le tien, ou les deux- accompagnés du scintillement des bougies câlines, possession de soi par l'impudeur ultime. Intime.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité